La constitution de partie civile devant le tribunal correctionnel
avril 10, 2025 6:31 pmLa constitution de partie civile devant le tribunal correctionnel
Lorsque l’on est victime d’une infraction pénale (vol, violences, escroquerie, harcèlement, etc.), il est possible de se constituer partie civile afin de faire valoir ses droits et obtenir réparation du préjudice subi. Cette démarche permet à la victime de participer activement au procès pénal aux côtés du ministère public, tout en demandant l’indemnisation du dommage. Voici les grandes étapes et éléments à connaître.
Accès à la procédure : qui peut se constituer partie civile ?
Toute personne physique ou morale qui s’estime lésée directement par une infraction peut se constituer partie civile devant le tribunal correctionnel. La constitution peut intervenir à plusieurs moments :
- Dès le dépôt de plainte avec constitution de partie civile (devant le juge d’instruction si aucune enquête n’est ouverte par le parquet).
- Au cours de l’enquête, lors d’une plainte simple suivie d’une citation directe ou d’une convocation par procès-verbal.
- Le jour de l’audience, directement devant le tribunal.
Il est nécessaire que le lien entre l’infraction et le préjudice soit direct et personnel.

La constitution de partie civile : formalités
La constitution de partie civile se matérialise par :
- Une déclaration expresse devant le tribunal.
- La présentation d’un document écrit (lettre ou conclusions), mentionnant :
- L’identité de la victime,
- L’objet de la demande,
- Le préjudice subi (matériel, moral, corporel),
- Une éventuelle demande de provision (avance sur indemnisation),
- Et les pièces justificatives à l’appui (factures, certificats médicaux, expertises…).
Il est vivement recommandé d’être assisté d’un avocat pour rédiger ces demandes de manière complète et stratégique.
Déroulé de l’audience
Lors de l’audience correctionnelle, la victime constituée partie civile est un acteur à part entière :
- Ouverture de l’audience : Le président rappelle les faits, l’identité du prévenu, et la qualification pénale retenue.
- Lecture de la citation ou de l’ordonnance de renvoi.
- Interrogatoire du prévenu : Il peut être confronté à la victime.
- Audition des témoins et experts s’il y en a.
- Intervention de la partie civile : La victime (ou son avocat) expose les faits, le préjudice et présente ses demandes de réparation.
- Réquisitions du procureur : Il propose une peine.
- Plaidoirie de la défense.
- Délibéré : Le jugement peut être rendu immédiatement ou à une date ultérieure.
L’expertise : une étape parfois nécessaire
Si le préjudice, notamment corporel, est complexe à évaluer, le tribunal peut ordonner une expertise médicale (ou en référé avant l’audience).
L’expert évalue alors :
- Les blessures,
- Les séquelles,
- L’incapacité temporaire ou permanente,
- L’impact psychologique…
Le rapport d’expertise est ensuite versé au dossier et sert de base à l’évaluation des dommages.
La demande de provision
La victime peut, dès l’audience, demander une provision à valoir sur l’indemnisation finale, surtout si l’évaluation complète du préjudice nécessite une expertise. Cette provision permet de couvrir les premières dépenses (soins, perte de revenus…) dans l’attente du jugement définitif sur les intérêts civils.
L’indemnisation
Le tribunal peut accorder :
- Une indemnité complète si le préjudice est bien établi,
- Une provision si le préjudice doit être évalué plus tard,
- Ou rien si la constitution de partie civile est rejetée (absence de lien, preuve insuffisante…).
En cas de condamnation, le prévenu est tenu de verser les sommes fixées. En cas d’insolvabilité, la victime peut se tourner vers la CIVI (Commission d’indemnisation des victimes d’infractions) ou le SARVI (Service d’Aide au Recouvrement des Victimes d’Infractions).
Conclusion
La constitution de partie civile est une voie essentielle pour les victimes qui souhaitent obtenir réparation. Elle leur permet de faire valoir leurs droits tout au long de la procédure pénale, avec l’aide d’un avocat pour sécuriser leurs démarches et maximiser leurs chances d’être indemnisées. Bien préparée, cette démarche permet d’allier justice pénale et justice réparatrice.